Le côté obscur du soleil
Gare au soleil ! Son grand retour, chaque année, transforme les parcs et plages en salons de bronzage sans limite, et les bronzage-addicts (citadins ou vacanciers) en écrevisses. Écrevisses qui seraient bien moins nombreuses si elles connaissaient les effets (et méfaits) du soleil sur leur peau.
Car oui, le soleil a du bon. Mais comme toute Force qui se respecte, son côté obscur est à craindre...
UVA, UVB, infrarouges... de quoi parle-t-on exactement ?
Le soleil émet une énergie sous forme de rayonnement électromagnétique. La partie la plus dangereuse de ce rayonnement, aux longueurs d'ondes (λ) les plus courtes, est arrêtée par la couche d'ozone et l'atmosphère (sans lesquels aucune vie ne serait possible !). Le rayonnement solaire à la surface de la Terre se compose donc pour moitié de ce que l'on appelle la lumière "visible" (qui se décompose en un spectre de couleurs allant du violet au rouge, le fameux "arc-en-ciel")1, d'infrarouges (IR) pour environ 45%, des ultraviolets (UV) A et B pour 5%, et des micro-ondes en quantité négligeable au regard des effets physiologiques discutés ici.
Une partie de ces rayonnements (UV, IR, visible et micro-ondes) pénètre la peau jusqu'à différentes profondeurs. Plus les longueurs d'ondes sont longues, plus le rayonnement est pénétrant :
- les UVB (280 nm < λ < 320 nm) vont jusqu'à l'épiderme ;
- les UVA (320 nm < λ < 400 nm) vont jusqu'au derme ;
- la lumière visible (400 nm < λ < 800 nm) va jusqu'au derme ;
- les infrarouges (800 nm < λ < 100 000 nm) vont jusqu'à l'hypoderme.
Soleil & peau : un cocktail vitaminé
Tous les effets du soleil sur la peau ne sont pas néfastes. Si l'énergie émise par le soleil est essentielle à la vie, elle intervient aussi dans la régulation de l'humeur par exemple. En effet, des chercheurs ont récemment mis en évidence le rôle de la mélanopsine, une molécule découverte dans les années 2000, dans la régulation de l'humeur et les processus d'apprentissage notamment. Ce photopigment (les opsines sont des protéines capables de réagir à l'énergie lumineuse) a son pic de sensibilité autour de 480nm, c'est-à-dire dans la partie bleue de la lumière visible. D'où l'utilisation de cette lumière bleue dans les traitements par luminothérapie des épisodes dépressifs par exemple...2
De plus, les UVB sont responsables de la synthèse, au niveau de l'épiderme, de la vitamine D (qui est en fait une hormone! Plus d'infos dans ce Fun Fact!). Connue pour son rôle dans la calcification des os, la vitamine D a de nombreuses autres propriétés : activité anti-tumorale, immunomodulation, et correction des troubles de la différentiation épidermique en sont quelques unes.
Par ailleurs, la portion infrarouge du rayonnement solaire est, elle, responsable de l'emmagasinement de chaleur au niveau de l'hypoderme, la couche "doudoune" de notre peau (elle maintient au chaud et absorbe les chocs).
Autre bénéfice du soleil : le bronzage bien sûr ! Outre son aspect esthétique "bon pour le moral", le bronzage est avant tout une fonction de survie. En effet, la production et l'accumulation dans l'épiderme d'eumélanine (pigment brun-noir responsable du bronzage, couramment appelé "mélanine") n'est ni plus ni moins que la réponse d'urgence de l'organisme à l'agression que représentent les UVB : une sorte de parasol protégeant les cellules, et le précieux ADN qu'elles contiennent dans leur noyau.
Malheureusement, nous ne sommes pas tous égaux face au bronzage. En effet, selon la couleur de notre peau, celle-ci ne réagit pas de la même façon sous les coups du soleil ! C'est ce que l'on appelle le phototype (explications dans ce précédent post). Attention aussi aux dérives du bronzage artificiel, qui, s'il fait du bien au moral en hiver, n'est pas si bienfaisant qu'il n'y paraît...
Attention au leurre des "cabines de bronzage" !!
Eh oui, seuls les UVB provoquent le "vrai" bronzage, c'est-à-dire la synthèse de mélanine, et l'augmentation du nombre des vésicules les contenant (les mélanosomes). Les UVA, eux, n'entraînent qu'un bronzage très éphémère et non protecteur, par oxydation de la mélanine déjà existante et re-répartition des mélanosomes. Or ce sont ces UVA qui sont utilisés dans les "cabines de bronzages". Le bronzage obtenu dans des cabines de bronzage ne protège donc pas du soleil !! De plus, la plupart de ces installations fournissent une illumination par UVA1, un type d'UVA dont les dégâts sont de plus en plus mis en avant : stress oxydatif, dommages à l'ADN, activation de l'élastase MMP-12... Des effets entraînant notamment un vieillissement cutané.
Mais je digresse, revenons au soleil et ses méfaits...
Le côté obscur de la Force...
S'il permet la vie, le soleil peut aussi bien la détruire . On oublie trop souvent que l'énergie émise par le soleil est considérable. Si on l'oublie, c'est que malheureusement, ses effets – et méfaits! –, bien que graves, sont le plus souvent invisibles : immunosuppression, mutations génétiques, dommages oculaires, destruction des vitamines (C, A, B2, B6, B9...) à raison de 10 à 30% par heure..!
Le rayonnement solaire, et notamment ses UV (A et B), cause ce que l'on appelle des dommages à l'ADN. L'énergie émise par le soleil, absorbée par la molécule d'ADN, entraîne entre autre la formation de liaisons covalentes (type de liaison chimique permanente) au sein de l'ADN (pour schématiser très grossièrement, c'est un peu comme faire cuire un œuf: l'énergie "chaleur" provoque un changement de l'agencement moléculaire de l'œuf, dont la texture se solidifie). Les UVB agissent également de manière indirecte, en activant au cœur de la cellule le tryptophane, précurseur de plusieurs substances, notamment la mélatonine et la sérotonine.
Les UVA, eux, sont les principaux pourvoyeurs de dérivés réactifs de l'oxygène (DRO), dont les fameux radicaux libres dont nous parlent les publicités pour cosmétiques. En effet, ce sont eux qui sont principalement à l'origine du photovieillissement cutané (donc des rides!), puisqu'ils diminuent la synthèse de collagène, détruisent l'élastine dermique et épidermique, réduisent l'effet des antioxydants, déstructurent les membranes et les protéines (via la peroxydation lipidique), provoquent la sénescence précoce, voire l'apoptose des cellules cutanées... Tout plein de réactions qui, en s'accumulant au fil des ans et des expositions au soleil, causent atrophie de l'épiderme avec épaississement de la couche cornée, désordres pigmentaires (taches dues à la mauvaise répartition de la mélanine dans la peau), fragilité des parois vasculaires... La peau ainsi endommagée n'est plus en mesure d'assurer correctement sa fonction de protection. Imaginez votre manteau préféré froissé, élimé au-delà du raisonnable, avec des trous par-ci par-là et des tâches qui apparaissent un peu partout par décoloration, brûlures, etc.. Il n'est plus étanche, se déchire plus facilement et devient de moins en moins facile à réparer, et il est fort à parier que vous ne voudrez plus le porter. Malheureusement, nous ne pouvons pas changer de peau comme nous changeons de manteau ;o) Mais, heureusement, nous avons le pouvoir d'éviter que notre peau s'abîme trop et trop vite !
Se protéger du soleil, geste santé n°1
Savez-vous que 70% du vieillissement de notre peau est dû au soleil !? Oui, 70%. Seuls 30% environ est dû à l'âge, à notre environnement, la pollution, etc. Cela vous semble incroyable ? Voyez plutôt cette photo...
Cet homme de 69 ans a conduit pendant 28 ans un camion de livraison. De ce fait, la partie gauche de son visage (à droite sur la photo) a été plus exposée aux UVA – qui traversent les vitres, contrairement aux UVB – que l'autre moitié. L'article du New England journal of Medicine présentant ce cas d'héliodermatose unilatérale explique que la peau photovieillie (à gauche) présente :
- une hyperkératose = épaississement de la couche cornée (la plus extérieure de l'épiderme), qui traduit un problème de renouvellement cellulaire (la peau hypertrophiée e peut donc plus assurer correctement ses fonctions) ;
- de nombreux comédons ouverts = pores exagérément distendus du fait de la perte d'élasticité de la peau ;
- des zones d'élastose3 nodulaire = tout le collagène du derme est remplacé par de l'élastine !
Toujours pas convaincus ? Voyez plutôt ces photos prises par l'équipe du Dr. Bahman Guyuron durant le Twins Day Festival de Twinsburg entre 2006 et 20074.
Parmi ces 2 femmes de 61 ans, la plus à gauche a été exposée au soleil environ 10 heures de moins par semaine que sa jumelle. Leur différence d'âge perçu est de 11,25 ans (différence encore accrue par le fait que la jumelle de gauche a un Indice de Masse Corporelle supérieur à celui de sa sœur).
Une envie pressante de vous mettre de la crème solaire ? Ça tombe bien, une étude australienne menée durant quatre ans et demi auprès de 903 adultes âgés de moins de 55 ans a montré l'intérêt d'une protection solaire quotidienne dans la prévention du photovieillissement [Sunscreen and prevention of skin aging: a randomized trial, Hughes et al.]. En effet, les personnes ayant appliqué tous les jours une crème solaire de FPS 15 ne montraient pas d'augmentation de leur vieillissement cutané, 4,5 ans après le début de l'étude. De plus, leur vieillissement cutané par rapport au début de l'étude était 24% moins important que celui des personnes ayant appliqué une protection solaire quand ils voulaient. À vos marques, prêts, crèmez !
Capucine Martin-Phipps
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Fun Fact : La vitamine D, une hormone incognito
Ce que l'on appelle communément vitamine D est en fait un groupe de composés ayant des structures chimiques similaires et appartenant à la famille des stérols (les stérols sont fabriqués à partir du cholestérol, et les plus connus sont les œstrogènes, la progestérone, la testostérone et le cortisol). Il existe une vitamine D végétale, la vitamine D2 ou ergostérol, et une vitamine D animale, la vitamine D3 ou cholécalciférol.
Chez l'Homme, c'est la vitamine D3 qui est synthétisée au niveau de l'épiderme (couche la plus externe de la peau) sous l'effet des UVB. On devrait donc l'appeler "hormone D", puisque produite par notre organisme. En effet, le nom de vitamine caractérise les substances que le corps humain est incapable de produire, et qui doit être apportée par l'alimentation. Cette forme de vitamine D se trouve aussi chez les poissons gras (saumon, hareng, sardines, thon...), l'huile de foie de morue et le jaune d'œuf surtout (et un peu dans les laitages et le beurre, et certains foies d'animaux).
fun fact by Capucine Martin-Phipps
Pour en savoir plus :
www.caducee.net/fiches-techniques/vitamined.asp
1000 nuances de peau
Mais pourquoi donc ma peau est-elle blanche, la tienne mate, la tienne ambrée, la tienne noire..? En voilà une bonne question ! La couleur de la peau est un héritage de nos ancêtres. Non pas votre Papi adoré, ni même nos ancêtres les Gaulois, mais bien les premiers Homo sapiens, les hommes de Néanderthal et tout ce joli monde... Je vous explique ?
Pour vous raconter l'histoire de notre peau, je vais (très fortement !) m'inspirer de la pointure en la matière : l'anthropologue et paléobiologiste américaine Nina Jablonski qui, avec son mari George Chaplin, a conduit des travaux qui ont chamboulé notre vision de la couleur de la peau (1). Et occasionnellement nous mettent face à la preuve irréfutable de l'évolution par la sélection naturelle, chère à Charles Darwin.
Pour comprendre l'évolution de la pigmentation cutanée, il faut tout d'abord se pencher sur l'exposition solaire de la Terre. Comme le montre l'image ci-dessous, issue des données récoltées par le satellite Toms7 de la Nasa, l'Afrique équatoriale, berceau de l'Humanité, fait partie des zones les plus massivement bombardées d'ultraviolets (UV). À noter aussi, la plus grande partie habitable de l'hémisphère nord se trouve dans les zones recevant le moins d'UV.
À l'origine, une peau foncée fruit de l'évolution
Tout commence donc en Afrique équatoriale. Pour survivre dans les conditions climatiques extrêmes qui règnent sous ces latitudes, les premiers ancêtres de l'Homme ont peu à peu perdu leurs poils (cf. image ci-dessous) et allongé leur silhouette, le tout dans un souci de thermorégulation optimale (2).
On notera que la seule partie de notre corps encore massivement poilue (et dont la peau est, en conséquence, très blanche) est la tête. C'est bien normal, puisque, du fait de la bipédie, c'est elle qui est la plus exposée au soleil. "Les changements de pigmentation cutanée ont accompagné la perte des poils, précise Nina Jablonski, et plusieurs éléments de preuve indiquent qu'une pigmentation permanente et foncée, à base d'eumélanine (cf. encadré ci-dessous), est apparue peu après l'émergence du genre Homo en Afrique".
La mélanine est un pigment "très ancien et répandu dans tout le règne animal, à l'origine, par exemple, de la couleur de l'encre des seiches", explique Alain Froment, docteur en médecine et en anthropologie biologique, et co-auteur du livre Le Soleil dans la Peau (2). "Elle a des propriétés antioxydantes, [...] c'est aussi la structure moléculaire la plus performante pour absorber les sons, ce qui explique peut-être sa présence dans l'oreille interne. [...] Dans la peau humaine, elle est fabriquée [...] sous deux formes, eumélanine, foncée, et phéomélanine, jaunâtre. [...] Il existe aussi une neuromélanine dans le cerveau, qui donne sa couleur notamment au corps strié et à la substantia nigra, et dont la fonction est mal connue. [...] La présence de mélanine dans les organes profonds comme le péritoine, ou dans l'épiderme d'animaux nocturnes, suggère que son rôle est loin de se limiter à un filtre à ultraviolets".
Mais pourquoi ce besoin de protection solaire naturelle qu'est la mélanine ? Pour protéger l'acide folique de la dégradation qu'il subit sous l'effet des UV (je reviendrai plus précisément sur ce sujet et les autres effets du soleil sur la peau dans mon prochain article), et particulièrement les UVA, massivement présents proche de l'équateur. L'acide folique et ses dérivés, les folates, sont essentiels dans la division cellulaire, la synthèse et la réparation de l'ADN, ainsi que la mélanogénèse (la production de mélanine : tout se rejoint !). De plus, ils ont une importance particulière au niveau des tubes séminifères et du développement de l'embryon. Selon les termes de Nina Jablonski, "maintenir l'intégrité du métabolisme des folates revêt donc un caractère primordial d'un point de vue de l'évolution, puisqu'elle affecte le succès reproductif et la survie dans les premiers temps de la vie".
Selon Alain Froment, la couleur de peau des premiers Hommes n'était "probablement pas trop foncée ; en effet, dans la mesure où le chasseur-cueilleur est contraint à des déplacements incessants, sa couleur optimale doit être un compromis entre la protection contre les brûlures solaires et la limitation du stress thermique". En effet, la couleur noire absorbe la chaleur solaire.
L'éclaircissement de la peau, conséquence des migrations
Les premiers représentants du genre Homo avaient donc une peau foncée, d'une teinte probablement proche de celle des inuits. Mais, il y a 1,9 millions d'années, les Homininés (genres Australopithecus et Homo) ont commencé à sortir d'Afrique. Et donc à passer d'un environnement massivement irradié par des UV à des zones où ce rayonnement UV est moins intense et plus variable, notamment dans ses proportions UVA/UVB. En effet, "au nord et au sud de la latitude 46° environ, les niveaux d'UVB sont insuffisants, la majeur partie de l'année, pour initier la production cutanée de la pré-vitamine D3", indiquent Nina Jablonski et George Chaplin dans leurs travaux. Or les UVB sont nécessaires à la production de vitamine D3 (qui est en fait une hormone, puisqu'elle est synthétisée par le corps humain).
La vitamine D intervient dans la régulation de nombreux processus biologiques : métabolisme osseux, immunité innée, prolifération et différenciation cellulaire, fonctionnement normal du pancréas, du cerveau et du cœur. Contrairement aux folates, l'impact sur la reproduction (c'est-à-dire le point de sélection naturelle) n'intervient pas directement, et provient majoritairement des déficits en vitamine D3 d'origine alimentaire. Cependant, les personnes carencées par les effets des UV seront plus susceptibles aux infections virales et bactériennes, et aux maladies auto-immunes telles que la sclérose en plaques et le diabète de Type 1. Pour Nina Jablonski, "sous des latitudes moins irradiées en UV, la pression de sélection naturelle était forte pour perdre la pigmentation constitutive, afin de permettre une production continue de vitamine D". Les peaux se sont donc plus ou moins dépigmentées selon la quantité de rayonnement UV dans la zone habitée (cf. image ci-dessous).
Un arc-en-ciel de couleurs de peau
La myriade de couleurs de peau que l'on peut voir aujourd'hui est donc le résultat de l'évolution que notre espèce a choisi pour faire face à la sélection naturelle. Ces différentes carnations se retrouvent dans ce que l'on appelle le phototype, une classification médicale des peaux en fonction de leur réaction au soleil. Il existe 6 phototypes, qui sont définis par la couleur de la peau et des cheveux, et la présence ou non de taches de rousseur (cf. tableau ci-dessous). On peut ajouter un "septième phototype", correspondant à la peau des bébés et des personnes atteintes d'albinisme : leur peau ne bronze pas, mais subit systématiquement des coups de soleil. Voilà pourquoi il ne faut surtout pas exposer les enfants au soleil avant 3 ans !
La mélanogénèse (fabrication de mélanine = bronzage), "confère naturellement, aux personnes de phototype III (la majorité des français) un facteur de protection solaire (FPS, le même que celui sur vos crèmes solaires) de 3 à 4 et, à celles de phototypes V et VI, un FPS de 7 à 8", précise François Aubin, dermatologue au CHU de Besançon. Ce qui, soyons clair, n'est rien du tout, et ne se substitue en aucun cas à une protection solaire. Mais je reviendrai sur la protection solaire dans un prochain article.
De plus, cette catégorisation des différents phototypes n'est qu'un outil médical. Elle induit la notion de discontinuités qui n'existent pas dans la réalité. En effet, grâce aux différentes migrations de l'Homme et aux métissages entre les individus, "un merveilleux arc-en-ciel sépia caractérise aujourd'hui l'Humanité", comme le dit si bien Nina Jablonski. Un arc-en-ciel qui se visualise encore mieux à travers le projet Humanae de la photographe espagnole Angelica Dass. Débuté en avril 2012, ce projet se donne pour but de répertorier toutes les carnations possibles, en faisant correspondre plus de 2000 portraits de visages avec la couleur du système Pantone® qui s'en rapproche le plus. Et voilà ce que ça donne :
Je vous encourage vivement à aller passer un moment sur le site du projet Humanae, et d'admirer la beauté de la diversité humaine !
À très vite pour toujours plus d'explication sur les effets du soleil sur notre peau ;o)
Capucine Martin-Phipps
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Isothiazoliquoi ?
Le Grand Méchant Loup va peut-être bientôt devoir partager le haut de l'affiche avec des "nouveaux venus" : les isothiazolinones. "Iso-thiazo-li-quoi ?" me demanderez-vous d'une voix perchée. Laissez-moi vous expliquer, en commençant par le pourquoi du comment...
Certain(e)s d'entre vous ont peut-être, comme mes proches, été scotché(e)s devant l'émission sur les gels douches, diffusée sur France 5 le dimanche 13 avril dernier. Et il y a de quoi. Car, hormis ses nombreux partis-pris et omissions (sur lesquels je ne m'étendrai pas ici, de peur de "m'enflammer", comme on dit), cette émission montre du doigt les gels douches de grandes surfaces. Et, accessoirement, les isothiazolinones. L'occasion pour moi de faire le point.
Les isothiazolinones : mais qu'est-ce donc ?
Une famille de biocides (substances qui tuent les micro-organismes, bactéries, etc.) très largement utilisés comme conservateurs dans diverses industries. On les retrouve en effet dans les pesticides agricoles, les lubrifiants et liquides de refroidissements utilisés en mécanique et en métallurgie, dans les peintures, laques, colles du BTP, dans les détergents et autres produits ménagers, les encres d'imprimerie... et les cosmétiques.
Dans ces derniers, ce sont la méthylisothiazolinone (MI) et la méthylchloroisothiazolinone (MCI) que l'on retrouve.
2-méthyl-4-isothiazolin-3-one (MI) 5-chloro-2-méthyl-4-isothiazolin-3-one (MCI)
Ces deux composés sont listés à l'Annexe VI de la Directive Européenne 76/768/CEE depuis le milieu des années 1980(1) ! Ils y font en effet leur apparition comme mélange MCI+MI (en rapport 3:1) en 1986. Comment se fait-il, alors, que vous n'en entendiez parler que maintenant ? Les parabens. Oui, on y revient ! En effet, l'association MCI+MI a été largement employée dans les années 1980-1990. Mais, réputée allergisante, elle a peu à peu été délaissée au fil des ans au profit des parabens, bien mieux tolérés et plus performants en tant que conservateurs. Et vous voyez où je veux en venir. Face au procès d'intention mené contre les parabens dès 2004, les industriels n'ont (pas toujours) eu d'autre choix que de reformuler leurs cosmétiques. Un véritable casse-tête pour les formulateurs : imaginez que vous deviez refaire le plat préféré de votre famille avec des ingrédients différents, sans que le goût, la texture, etc. ne changent ? ET, bien sûr, sans augmenter le coût de la recette...
Or les parabens ont un très bon rapport efficacité/prix, sont faciles à formuler et, rappelons-le, bien tolérés (c'est-à-dire non irritants ni sensibilisants pour la peau) ! Ce qui explique que près des 3/4 des cosmétiques aient été formulés avec ces conservateurs pendant plus de 20 ans. Pour protéger les formules sans parabens, et sans trop modifier ce que l'on appelle le "coût-formule", les industriels se sont donc de nouveau tournés vers les isothiazolinones. Notamment pour les produits de grande consommation (ceux que l'on trouve en grande surface), pour lesquels le prix est un critère d'achat majeur. Hasard ou coïncidence, la MI seule a fait son apparition à l'Annexe VI de la Directive cosmétique en 2005...
Le "boom" des allergies aux isothiazolinones
Depuis 2005, donc, l'emploi de la MI seule est autorisée dans les cosmétiques à 100 ppm (partie par million), soit 0,01%. C'est-à-dire une concentration presque 10 fois supérieure à celle autorisée pour le mélange MCI+MI ! Choix de dosage qui peut s'expliquer par le fait que la MI est moins allergisante que la MCI. Mais qui augmente d'autant l'exposition de la population générale à cet allergène de contact (qui cause des allergies quand il entre en contact avec la peau ou les muqueuses). D'autant que cette autorisation ne limite pas l'utilisation aux produits rincés. La MI s'est donc retrouvée dans de plus en plus de produits non-rincés tels que des crèmes pour le corps ou le visage, les ligettes, ets. Augmentant par là même le nombre de dermatites de contact, auparavant "réservées" aux professionnels manipulant les produits contenant MI et/ou MCI (peintres, personnes se lavant fréquemment les mains...).
Un constat qu'a fait Michael Dyrgaard Lundov, chercheur au Centre national Danois de recherche sur l'allergie (Videncenter for Allergi). Ses équipes et lui ont mené deux études de marché, en 2010 puis en 2013, au Danemark : "en 2010, 1,3% des cosmétiques contenaient de la MI, contre 3,3% deux ans plus tard. Alors que l'emploi d'autres conservateurs (parabens et phénoxyéthanol) ne semble pas avoir changé". Qui plus est, les patients sensibilisés (dont la peau fait des réactions) à la MI peuvent aussi réagir à l'association MCI+MI dans d'autres cosmétiques. Augmentant d'autant le nombre de cas d'allergies de contact. C'est l'effet boule de neige observé par les dermatologues et relayé dans les médias.
Les autorités réagissent...
Le SCCS (Comité Scientifique de la Commission Européenne sur la Sécurité des Consommateurs(2)) a les isothiazolinones dans le collimateur depuis le début. Ce qui l'a conduit à émettre, en 2009, une opinion concernant le mélange MCI/MI. Opinion stipulant que, dans un rapport 3:1, le MCI/MI "ne présente pas de risque pour la santé du consommateur lorsqu'il est utilisé comme agent conservateur jusqu'à une concentration maximale autorisée de 0,0015 % dans les produits cosmétiques à rincer, indépendamment de son potentiel de sensibilisation". Cette opinion répondait en effet à une question restreignant le champ d'investigation aux produits à rincer. Car, allergisant reconnu, le mélange MCI+MI est généralement réservé aux shampoings, savons liquides, etc. À noter cependant, la précaution du SCCS face au potentiel du MCI/MI à causer des allergies (la première étape d'un phénomène allergique est celle de la sensibilisation).
Lequel SCCS a, en 2013, émis une nouvelle opinion, cette fois concernant la MI seule. Opinion qui dit clairement que, dans les produits non-rincés, la MI peut causer des dermatites de contact. Et que, à 15 ppm (0,0015%) dans les produits rincés, elle peut "révéler" l'allergie (phase d'élicitation, qui vient après la phase de sensibilisation)(3). Le rapport va d'ailleurs plus loin, insistant sur la nécessité d'investiguer de plus près la sensibilisation à la MI, le taux de MI aujourd'hui présent dans les cosmétiques, et de déterminer l'exposition réelle des consommateurs à la MI à travers les autres produits en contenant (détergents, peintures...). Le problème, selon Michael Lundov, est que "comme les sources d'exposition à la MI et à la MCI sont nombreuses, il est presque impossible de déterminer quels niveaux d'exposition causent une dermatite de contact à la MI seule ou à la MCI seule". Il ajoute d'ailleurs que "la réglementation devrait également évoluer pour que les produits industriels non-cosmétiques comportent un étiquetage approprié, afin que les consommateurs puissent éviter la méthylisothiazolinone s'ils le souhaitent". Mesure envisagée dans le rapport du SCCS (qui se base notamment sur les travaux du Dr Lundov)(4).
Des conclusions reprises par la Commission Européenne, qui a proposé, en septembre dernier, de modifier l'annexe V du Règlement, "afin de limiter l’utilisation du mélange de méthylchloroisothiazolinone et méthylisothiazolinone aux produits à rincer et d’indiquer clairement que l’utilisation du mélange et celle du méthylisothiazolinone seule sont incompatibles, car le rapport 3:1 du mélange en serait affecté". Amendement qui semble en bonne voie d'être adopté, à en croire le brouillon de réglementation découvert au cours de mes recherches...
...oui, mais
Ce premier pas vers une suppression des isothiazolinones dans les cosmétiques est une bonne chose. En effet, l'intégration au Règlement obligera les industriels à se plier à la règle, limitant ainsi l'explosion de cette "épidémie" (terme utilisé par Rachel Urwin et Mark Wilkinson dans cet article). Cependant, une fois l'amendement entré en vigueur, les industriels auront encore 18 mois pour retirer leurs produits du marché. Et cela ne règle que le problème du mélange MCI+MI, qui est, a priori, le moindre des deux maux...
C'est pourquoi, fin 2013, Cosmetics Europe (ex-Colipa, l'association européenne de la cosmétique) recommandait aux industriels de ne pas attendre, et de cesser immédiatement de formuler leurs cosmétiques non-rincés, lingettes incluses, avec de la MI. Michael Lundov pense, lui, qu'il "faudrait supprimer totalement l'utilisation de MI et MCI, même si cela risque d'être compliqué". Une affaire à suivre, donc...
Capucine Martin-Phipps
Je sais, je sais, je vous avais donné rendez-vous la semaine passée... que je n'ai pas pu honorer, "immergée" que j'étais dans les allées scientifiques du net pour vous trouver les infos les plus pointues. J'espère que cet article vous a plu, et alimentera vos discussion de longs week-ends de Mai, entre rosé et barbecue !
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Il était une fois...les parabens
Une des premières questions qui me sont posées, lorsque j'annonce travailler dans la cosmétique, concerne les ingrédients "controversés", comme on dit dans le jargon, parabens et sels d'aluminium en tête. À l'instar du Grand Méchant Loup, ces derniers sont devenus des stars dont tout le monde connait le nom. Mais dont presque personne ne prend la peine de chercher l'histoire.
Il était une fois...
En 2004, Dr Philippa Darbre, chercheur en oncologie à l'université de Reading (Angleterre), publiait une étude qui allait déchaîner les passions. Et accessoirement changer le cours de l'histoire des parabens en cosmétique (cf. encadré en bas de page). En effet, au cours de cette étude, des parabens ont été détectés dans 18 des 20 biopsies de cancers du sein prélevées par l'équipe du Dr Darbre. Conduisant cette dernière à émettre l'hypothèse, un tantinet hâtive, qu'il existe un lien entre les parabens des cosmétiques appliqués sous les aisselles et le cancer du sein. Sa conclusion se basait sur des études ayant montré, chez le rat, que les parabens ont une activité œstrogène-mimétique. Or les œstrogènes jouent un rôle dans le développement de certains cancers du sein.
Pourquoi, dans ces cas-là, qualifier l'hypothèse d'hâtive ? Parce qu'au cours de ces travaux, l'équipe du Dr Darbre n'a pas mené de test comparatif sur tissu sain (non cancéreux). Donc, comme l'a souligné la communauté scientifique à l'époque, la seule conclusion qui puisse être tirée de cette étude est que des parabens peuvent être détectés dans les tissus cancéreux. POINT. Rien dans cette étude ne permet d'incriminer, ni même de soupçonner les parabens. Dans la partie "Discussion" de son article, Dr Darbre évoque elle-même la nécessité d'effectuer ces mesures comparatives(1).
...le Grand Méchant Loup
Malheureusement, la peur du cancer étant -à juste titre- très forte, les médias se sont emparés de cette étude sans en voir le biais. Et ont relayé l'hypothèse du Dr Darbre comme étant un fait avéré. C'est ainsi que les parabens furent étiquetés "Grand Méchant Loup" de la cosmétique. L'histoire des sels d'aluminium est similaire, et prend elle aussi son origine, en 2005, avec le Dr Darbre. Tout comme pour les parabens, aucune étude n'a encore démontré de lien entre l'utilisation de cosmétiques contenant des sels d'aluminium et le développement de cancer du sein(2).
Il n'est pas question ici d'affirmer que les parabens et les sels d'aluminium n'ont aucun effet sur le corps humain. Le fait qu'ils se retrouvent dans les tissus cancéreux demande d'investiguer leurs effets physiologiques. Depuis dix ans, d'innombrables études ont d'ailleurs été menées, sur les parabens comme sur les sels d'aluminium.
À ce jour, aucune étude ne permet d'affirmer que les parabens utilisés en cosmétique(3) sont nocifs pour la santé. Ce sont cependant, à ce jour toujours, les conservateurs les plus efficaces et les moins chers du marché. Pourquoi donc les consommateurs en ont-ils si peur dans leurs cosmétiques, alors qu'ils en avalent des quantités bien plus importantes avec leur dîner et leurs -bien-aimés- médicaments ? Bien que tentée de croire que Mr et Mme Tout-le-Monde agissent par principe de précaution, j'ai bien peur que l'explication soit plus simple : parce que les parabens leur ont été DÉSIGNÉS comme le Grand Méchant Loup...
Un principe de précaution à sens unique
Appliquer le principe de précaution aux parabens paraît judicieux au regard des études scientifiques existantes. Bien qu'encore jamais prouvés nocifs, les parabens n'en ont pas moins une action physiologique, notamment hormono-mimétique. Ce qui n'est pas rien. Mon propos n'est donc pas nécessairement de les défendre mais de montrer l'absurdité de la Croisade dont ils font l'objet.
Car tant qu'à appliquer le principe de précaution aux parabens, pourquoi ne se limiter qu'à eux ? Pourquoi se contenter d'une étiquette "Sans Paraben", voire "Sans Conservateur" ? Tout simplement parce que cela suffit. Comme il suffit de dire à un enfant qu'il n'y a pas de Grand Méchant Loup pour le rassurer...et d'omettre au passage qu'il existe des ours (bien moins mignons en vrai qu'en peluche si on les taquine), des serpents venimeux, des araignées, etc. En l'occurrence, ce que cachent ses étiquettes "Sans Paraben" et "Sans conservateur" est tout aussi trompeur. Avouons-le une bonne fois pour toute : "Sans Conservateur" veut seulement dire que ledit produit ne contient aucun des 56 conservateurs LISTÉS à l'Annexe V du Règlement Européen. Ah! Vous commencez à vous sentir floué. Et je vous comprends. Car oui, les produits labellisés "Sans Conservateur" contiennent, pour la très grande majorité... des conservateurs ! Et notamment des huiles essentielles. C'est le cas de nombre de produits BIO... mais ce n'est pas le propos du jour, donc j'y reviendrai.
"C'est sans fin !" me direz-vous,"L'industrie cosmétique nous ment !". OUI (pour le premier) ET NON (pour le second). En effet, qui cherche sans cesse le "Sans risque" absolu trouvera toujours à redire à nos cosmétiques, à notre alimentation, à la pureté de notre air, de notre eau et de tout le reste. Et NON, l'industrie cosmétique ne vous ment pas (toujours). Elle protège les consommateurs, parfois d'eux-mêmes. Car, pour citer Paracelse, médecin suisse du XVIème siècle et fondateur de la toxicologie : "tout est poison et rien n’est sans poison. Seule la dose fait qu’une chose n’est pas un poison". Malheureusement, la vigilance des autorités de contrôle ne peut se faire que dans la limite des connaissances scientifiques et du principe de précaution.
Les égyptiens (et certains peuples il n'y a encore pas si longtemps) ne s'appliquaient-ils pas du khôl à base de galène (sulfure naturel de plomb !) sur les yeux pour faire ressortir leur regard ? La beauté a donc ses raisons que la raison ignore.
Capucine Martin-Phipps
Envie d'en savoir plus ? Rendez-vous la semaine prochaine !
Qu'est-ce qu'un paraben ?
Un ester d'acide para-hydroxybenzoïque. Les divers esters existants (qui diffèrent par le groupement chimique "R", cf. schéma ci-contre) sont des conservateurs, c'est-à-dire des agents anti-microbiens qui évitent le développement de champignons, bactéries et autres joyeusetés. Parmi les conservateurs les plus efficaces, ils sont très largement utilisés pour préserver les aliments, médicaments et cosmétiques.
Les parabens évoqués dans cet article sont ceux utilisés en cosmétique, à savoir : méthylparaben, éthylparaben, butylparaben, isobutylparaben et propylparaben. retour article